L’Envol

Longtemps mes interactions avec les animaux étaient celle d’une petite fille étonnée que cette diversité puisse exister. L’observation méticuleuse de toute espèce qui rampait, qui courrait ou marchait avec parcimonie devant moi, me demandait une attention précise, je les mémorisais et les dessinais.           Des heures passées devant les documentaires m’ont poussée à vouloir devenir zoologiste, entomologiste. Je continuais à les dessiner de plus en plus précisément. J’ai collecté avec un enchantement meurtrier certes, de papillons géants, des scarabées brillants et lisses, des grosses fourmis noires dans ma petite boîte de feutres de couleurs. Des couleuvres glissantes, des oiseaux morts en bas des arbres, une chauve-souris, des cocons de vers à soie que j’emmenais fière à l’école primaire.

Les dessins ont évolué, mes rêves de chercheuse se sont retournés vers moi, vers l’anthropologie et l’ethnologie et c’est en allant m’inscrire à la faculté de Sciences Naturelles, que j’ai bifurqué littéralement en prenant une de ses diagonales qui caractérisent ma ville en Argentine, pour aller vers l’école de Beaux Arts « voir ». J’ai vu, j’ai adoré et j’ai pris cette décision qui a défini mon parcours depuis. Mais mon étonnement est resté intact! Cette fascination de l’autre…


Pendant de longues années je suis venue à la représentation presque exclusive du corps humain, les autres animaux étaient comme un accessoire, des accompagnateurs. J’étais habitée par une sorte d’égocentrisme nécessaire, une reconnaissance de soi.          Maintenant, face à toutes ces espèces qui disparaissent chaque année, à cette souffrance animale tant de fois constatée, à cette indifférence systématique de notre part, j’ai la certitude absolue que tout animal que nous sommes, nous allons vers un même destin.
Et cette série a fait surface abruptement cet été. Elle s’étend encore chaque jour.
Une entente animale, une interrogation, une reconnaissance cette fois-ci d’eux avec nous, un très humble geste, une admiration encore intacte.

Virginia Alfonso Calace
Jeu des métamorphose I
Jeu des métamorphose II
Maternité
Jeux d’imitation I
Jeux des métamorphose III
Jeux d’imitations II
Oso Blanco
Pájaro I
Pájaro III
Pájaro II

TINTAS de Virginia Alfonso

Chrysler Building
American International Building


Tours et déTours
 
Manhattan est le paysage urbain par excellence. Représenter sa texture, ses lumières, sa géométrie si particulière est mon ambition depuis plusieurs années.
 
Tout y est affaire de rythmes architecturaux répétitifs, de perspectives infinies, d’éclats éblouissants du ciel, de clairs-obscurs et reflets où les détails s’effacent au profit d’une vision d’ensemble, mouvante et instable. Plus que le paysage proprement dit, on y voit le vertige démesuré qu’il provoque.
 
« L’acier, le verre, la brique, le béton seront les matériaux des gratte-ciel. Entassés dans l’île étroite, les édifices aux mille fenêtres se dresseront, étincelants, pyramides sur pyramides, sommets de nuages blancs au-dessus des orages. Le crépuscule arrondit délicatement les angles droits des rues. L’obscurité pèse sur la ville d’asphalte fumant, écrase les châssis des fenêtres, les réclames, les cheminées, les réservoirs, les ventilateurs, les échelles de sauvetage, … ». Dos Passos dans Manhattan transfer 
 
« Et l’angoisse au fond des rues à gratte-ciel
Levant des yeux de chouette parmi l’éclipse du soleil.
Sulfureuse ta lumière et les flûts livides, dont les têtes foudroient le ciel.
Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d’acier et leur peau patinée de pierres. ». Sedar Senghor dans Ethiopiques (extrait de A New York)
 
 

Wall Street
Chanin Building

Compositions acidulées

Ce travail est le fruit d’un jeu entre l’abstraction et le figuratif.

La frontière réel/irréel est y volontairement floue, les objets sans identité.

Selon son imagination, on y verra de simples formes arrondies aux couleurs vives ou la suggestion de fruits, perles, entassement de jouets… Car les objets figurés ont gardé une logique physique bien réelle, jusque dans leur traitement en composition de natures mortes.

Ici, j’ai utilisé l’infographie, qui lisse et acidule le geste graphique.

Le pinceau, discret, est encore là, car je peins avec ma tablette numérique.

SONY DSC

Tours et déTours

Jusqu’au 3 août, une expo d’été se déploie sur les murs de la galerie.

Virginia ALFONSO, Eleonora BURRY, Fred CHAIS, Pascale PARREIN et Colette REYDET

V. Alfonso
E. Burry
F. Chais
P.Parrein
C. Reydet

EXPO D’ETE


« Je ne me rappelle pas précisément quand a commencé mon travail artistique, mais les images d’enfance me ramènent vers moi toute petite en train de dessiner et de jouer avec mes crayons de couleur sur chaque petit bout de papier qui se trouvait à ma portée.


Avec le temps j’ai perfectionné ma technique de dessin et de peinture priorisant toujours la figure humaine et l’hyper réalisme comme moyen d’expression.
En cherchant un style propre, resurgi l’image d’une photo de ma grand-mère, petite fille alors habillée pour le carnaval. Cela a été le début d’une série sur la petite enfance, l’enfance et l’adolescence que je continue
maintenant avec mes proches et mon petit garçon.


Mon passage par la scénographie, à la faculté des Beaux Arts, m’a donné la maitrise de l’espace et de l’ambiance qui se reflètent dans mon œuvre. Les ludiques trames comme décors, habillent et donnent sens à mon travail.


L’utilisation principale du crayon papier me permet de proposer un discours poétique avec les outils de l’enfance et ses multiples souvenirs.
La réalisation plastique regorge alors de charges affectives comme vision d’un monde intérieur ».
Eleonora BURRY

Niña Pajarito I
Niña Pajarito II
Fin del Juego
El cuidado del Jardín
Casitas ambulantes II
Maternidad II
Maternidad I

A propos des jeux…

Claude Lévi-Strauss disait, «L’enfance est la machinerie qui transforme la pure langue pré-babélique en discours humain, la nature en histoire. »
Babel, une véritable expérience inaugural pour l’humanité, les premiers tâtonnements de l’enfance comme origine transcendantal de l’histoire. Cette patrie originaire de l’enfance doit continuer à voyager vers l’enfance à travers l’enfance.

Et c’est ce voyage qui nous propose Eleonora Burry avec ces enfants atemporels, leurs jeux et leurs jouets. L’enfance a quelque chose à nous dire depuis les profondeurs du temps.

C’est connu que l’origine des différentes sphères du jeux sont liées profondément au sacré ; les jeux que nous connaissons peuvent être reconnus dans les anciennes danses, lutes rituelles et pratiques divinatoires.

Dans le jeux survit le rite, en jouant, l’homme se détache du temps sacré et l’ « oublie » dans le temps humain. Mais aussi l’humanité invente des jeux en marge du sacré, créant de jouets par la miniaturisation d’objets quotidiens qui appartiennent à la sphère pratico-économique.

Quelle est alors l’essence du jouet ?
Ce que le jouet conserve de son modèle sacré ou économique, ce qui survit à la miniaturisation ou au démembrement, n’est pas autre chose que la temporalité humaine qui était contenue en eux, sa pure essence historique.

Avec un excellent dessin d’une extrême subtilité, Eleonora Burry nous mène devant la question de savoir si nous pouvons continuer à jouer dans la forêt pendant que le loup est encore là… Jusqu’à aujourd’hui nous pouvions.

Mais maintenant le loup sévit de plus en plus près, de millions et de millions d’enfants affamés, dans la rue, saccagées par les guerres et de plus en plus de loups trop voraces, trop assassins.

Eleonora Burry nous propose de prendre conscience de notre responsabilité face à eux, de leur permettre de grandir en jouant dans un monde de liberté et d’amour.

Telma Satz/ curatrice du BAA

Eleonora Burry


C’est avec toujours le même plaisir que la galerie présente l’exposition de fin d’année des travaux des élèves de l’atelier. 

Peintures, sculptures et dessins se côtoient dans les murs, formant une mosaïque joyeuse et colorée témoignage du travail de toute une année…

Des nouvelles techniques, nouveaux supports, d’expériences avec les couleurs et les matières.

Beaucoup de créations, quelques copies ou inspirations d’après les grands maîtres se succèdent en rivalisant d’imagination et pas mal d’ humour.

Entourés des professeures Virginia Alfonso et Leire Irarragorri, les élèves ont fêté l’événement lors du vernissage bien joyeux du mardi 28 mai.

Exposition des Elèves

Peintures et sculptures en bois

1- Quand as-tu découvert ton élan créatif?
Je ne sais pas trop. Créatif, certainement l’ai-je toujours plus ou moins été. Mais si l’on parle d’« élan », c’est à dire d’un véritable mouvement qui bouscule, pousse à faire, à créer, et bien il me semble que celui-ci est, somme toute, assez récent. Je dirais donc qu’il m’est venu tardivement, à l’approche de la quarantaine.


2- Pourquoi le choix de ce moyen d’expression?
Je n’ai pas de moyen d’expression spécifique. Je pratique actuellement la peinture et la sculpture, mais j’ai utilisé durant plusieurs années la photographie et j’ai réalisé 2 films courts. Disons que mes moyens d’expression sont avant tout visuels. Et aussi artisanaux. Faire seul, à la maison, avec très peu de moyens est essentiel pour moi. C’est même, très certainement, ce qui m’excite le plus dans la création. J’ai très longtemps réalisé des choses, souvent restées inachevées, sans jamais les montrer à qui que ce soit. Avoir une pratique solitaire, un peu autarcique, me suffisait.


3- Que cherches-tu à transmettre?
Une certaine poésie qui mêlerait tout à la fois naïveté et presque rien. Quelque chose qui ferait du bien.

Laurent CAMARASA

Laurent CAMARASA

« Jardin intérieur, jardin secret… Le jardin lieu de repli sur soi, pour oublier, se souvenir, coupé du reste du monde, mais aussi lieu de vie, de naissance et de renaissance. Quand je dessine, je pars en exploration, voyage de l’intime… alors des formes se dessinent, graines en devenir, coquilles protectrices, enveloppes…

Un lien fort avec la nature, qui se retrouve dans des formes épurées dans mes dessins, s’exprime bien sur dans mon travail, formes légères qui s’échappent, ou formes ancrées, enracinées… J’essaye de traduire les vibrations et échos du monde qui m’entoure…

Le jardin, lieu de méditation, lieu préservé, devient le lieu d’un rêve, d’une invitation au voyage entre ciel et terre qui nous ramène vers les autres, voyage entre présent et passé.

Je construis d’abord, puis il me faut déconstruire pour créer de nouveaux petits paysages à partir de papiers que je peins, que je déchire, que je choisis et associe pour les coller, ensuite je redessine, comme une cartographie personnelle en résonance avec mes expériences. Ce travail révèle l’invisible, comble les oublis de la mémoire et des souvenirs, comme un puzzle, dévoile d’autres tracés possibles. Ce sont les bribes, les souvenances, la projection d’histoires passées, interrompues, de petits instants de bonheur fragile. »

Estelle BOULLIER

Entretien avec l’artiste

Quand avez-vous découvert votre créativité et qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de l’art ?

« J’étais enseignante, j’aimais beaucoup découvrir le travail des artistes et le faire partager à mes petits élèves, j’avais une attirance particulière pour les œuvres picturales…peintures, collages, sculptures…quelque chose d’immédiat, j’aimais aussi découvrir des artistes aux univers très différents (singulier, abstrait, contemporain…proche ou très loin de ma sensibilité…)

Cependant, je ne pratiquais pas personnellement, même si j’en avais envie et fais quelques essais…puis, dans le cadre d’un projet avec ma classe, j’ai rencontré une plasticienne et je me suis lancée en participant à des ateliers, puis en prenant des cours…

Au bout d’un an, un an et demi, j’ai commencé peu à peu à me construire, c’était le bon moment, j’avais sans doute beaucoup d’expériences à faire émerger, ce fut un déclencheur, et j’ai exposé en 2009. J’ai exposé dans différents lieux et peu à peu je m’affirmais un peu plus dans ma pratique…avec toujours des questionnements. J’avais besoin de trouver une certaine liberté, de travailler seule, pour approfondir ma pratique, exposer pour me confronter aux autres, et chercher, chercher pour suivre mes propres chemins. »

Quel est le rôle de l’art dans votre vie ?

« Pour moi cette pratique est essentielle, je me sens à ma place et plus libre quand je dessine. C’est une manière d’exprimer mon ressenti, mes sensations par rapport au monde qui m’entoure, mes expériences, c’est dérouler un fil personnel, mais qui me permet de communiquer aussi avec les autres, de créer un lien.

J’aime me retrouver dans mon atelier, pour partir en exploration…j’aime le silence, les mots me manquent parfois…c’est plus simple ou tout au moins c’est mon support de communication. Ce temps de création est un temps qui me permet de me ressourcer. »

Où et comment trouvez-vous l’inspiration ? 

« J’ai commencé par explorer à tout va, puis j’ai travaillé sur l’identité (portraits primitifs), puis sur l’enfance avec un série passage et peu à peu le champ d’exploration s’est élargie sur la notion de territoires et de terres rêvées. Il y a un dialogue entre ce que à quoi je pense, et ce qui émerge sur le papier…une forme qui peut être le point de départ de nouvelles recherches, une expérience sensible, très intuitive…

J’aime l’idée de l’aléatoire dans mes collages, une balance, un équilibre que doucement se met en place, c’est cette exploration qui me plaît, avec parfois doutes et questionnements. »

Que voulez-vous transmettre avec vos œuvres ?

« J’essaye de transmettre mes sensations, de dérouler le fil d’une histoire qui est la mienne, et qui peut, peut-être toucher d’autres personnes.

Je me sens libre de suivre mes propres cheminements, j’essaye en tout cas, c’est un moyen de reconstruire, recomposer des expériences, des sensations, de combler des manques… »

Estelle BOULLIER. Jardin en résonance. (Mars 2019)

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