DESSINS

 Depuis 20 ans que je pratique la peinture, je ne sais jamais ce que je vais faire quand je débute un nouveau tableau. Quoi peindre est une question que j’élude par une démarche qui laisse toute sa place à l’inconscient pour s’exprimer. Je cherche à faire surgir des choses profondément enfouies et quand je dessine c’est mon âme d’archéologue qui dégage des objets dans le sable. Une fois que tout est suffisamment dégagé, je m’interroge sur le sens que cela peut avoir.

D’après le public, mes représentations donnent une impression d’intemporalité où se mêle une sorte de mythologie intérieure dans un cadre naturel. En effet, je suis un passionné de préhistoire et de nature, ce sont des sujets très présents dans ma vie et mon œuvre. Je convoque donc à la fois des références au passé et les phénomènes naturels. Mais ce qui peut paraître comme des références, un passé lointain, sans écriture, masque un processus de création qui est très ancré dans le présent. Ce qui est dessiné est déterminé par ce qui habite l’atelier à ce moment-là. Quand la phase de dessin se termine, c’est le moment du lendemain et de sa quête de sens.

Je propose un travail à partir de dessins réalisés à l’encre noire sur un papier assez épais normalement fait pour des impressions de haute qualité. J’ai développé ces dernières années une technique basée sur le petit point et l’absence totale de trait. C’est par le point que je cherche à relier le vivant. Mais j’en suis surtout arrivé là en cherchant la technique la plus lente possible. Comme j’ai besoin de laisser le temps aux choses de s’inscrire sur le papier, il me fallait être le plus lent possible et donc abandonner cette vieille habitude de tracer, avec la volonté d’être en dehors du système d’écriture traditionnelle.

Je débute un peu hasard, dans une zone de mon support à poser des points, très tôt le matin, de préférence. Je dépose des points jusqu’à ce qu’une vision s’empare de moi et qu’une figure trouve sa place sur le papier comme une évidence. Puis d’autres figures et des signes viennent s’inscrire également et au final c’est une composition assez mystérieuse qui s’est ainsi mise en place sans aucune préparation, ni modèle, ni esquisse. Par la répétition du point par point, rythmée, il y a une recherche méditative qui peut aller jusqu’à une forme de transe. Le dessin, les longues séances de travail, les horaires, la table d’atelier, la fidélité à un papier, donnent un caractère rituel à ma démarche.

Mes figures sont souvent du registre des animaux, presque toujours représentés de profil. Elles résultent d’une libération de l’inconscient et sont peut être des des archétypes, des représentations chargées de valeurs symboliques. Leur assemblage dans la composition donne du sens et une raison d’exister. Le fond, le décor, sont une matrice indissociable des figues, comme peut l’être la roche qui sert de support aux peintures rupestres. Donc tout est important, y compris le souci du détail car tout peut être signifiant et relier le vivant.  

Grégory COMPAGNON

Trois artistes, tout en encre, crayons, fusain et pierre noire, nous proposent leur regard rêveur et drôle du monde fascinant de l’enfance.

Eleonora BURRY

Séverine MARTINEZ

Élodie GUILLAND

ENFANCES

L’enfance récupérée, les nuages qui racontent des histoires, retrouver cet état premier onirique où tout peut arriver. Instants de vie privilégiés avec les incertitudes et les doutes mais aussi la liberté porteuse peut-être des bonheur, que sais-je ? En un mot : l’aventure.

Ne jamais reproduire, créer, toujours créer. Il faut déchirer le rideau de la réalité pour entrevoir l’essentiel, ce que j’appelle la spiritualité de l’invisible. Chaque tableau représente une aventure, je m’y risque sans savoir comment cela va finir. Je crois à la puissance du travail. Le tableau dit tenir debout, s’imposer par son équilibre, son évidence.

Dans chaque êtres humains, il y a un côté pile et un côté face. Dans la création les deux se confondent et parfois, du fond de l’inconscience, il jaillit des sensations, des non-dits, les non-voulu, peut-être trouve-t-on un peu de soi-même.

André CHICHIGNOUD

D’une malle l’oubliée dans le grenier, André a retiré avec émotion d’anciens « jouets d’avant… » Il en a fait un jeu d’assemblage qu’on nomme ordinairement « tableaux ». Il les a lâché à l’ombre des arbres et au soleil de la « cour de récré », pour voir danser cette joyeuse sarabande dans la douce musique de la création.

J. Saussac (artiste peintre)

Avoir été chef d’entreprise accompli pour devenir peintre, savoir préserver, à la maturité, le rêve et l’onirisme de l’enfance, garder l’imaginaire débridé, presque naïf, au service de l’inspiration, être technique et paraître spontané, voilà bien ce que j’appelle une vraie peinture de tripes et de cœur sincère et honnête. André, merci d’être cet artiste là car vous êtes si peu nombreux !

J. Blanchet (Galeriste)

Sur la peinture d’Andrée Chichignoud, le regard ne glisse pas, il s’arrête… Adviendront-t-ils sur la toile ces êtres zoomorphes qui, enfouis au plus profond de son subconscient, hantent le peintre ? Ou encore, les flamboiements de l’automne, le tremblement de l’eau, la fantasmagorie des nuages… Ou les états d’âme du moment, s’organiserons-t-ils dans un précipité savant de tâches colorées ? A ce stade, il est l’exécutant d’une force créative qui le dépasse. Puis vient le long travail de l’œil et de l’esprit, gageure aussi, car ne doivent pas s’éteindre sous le labeur les effusions créatives qui font la chair et l’âme du tableau…

« Ce qui est beau sur la toile, dit André Chichignoud, ce sont des choses simples qu’on féconde. ». Ainsi son œuvre s’enrichit elle de sa propre exigence de liberté, échappe-t-elle spontanément à tous les pièges de la pratique picturale et se maintient-t-elle en une sorte d’état de virginité ou de grâce permanent. 

V. Baconnier (Critique d’Art)

Peindre est un acte de volonté : André Chichignoud à cette volonté, ce quelque chose à nous dire dont parle Gaston Bachelard à travers les rêve de la volonté créatrice, un univers foisonnant d’images pleines d’énergie, de couleurs en fête et de formes imprévisibles.

K. Gilles (Commissaire d’Exposition)

Une composition de Chichignoud est une accumulation inouïe de couleurs, témoignage d’une vitalité hors du commun. Sa peinture est gestuelle, non abstraite mais narrative. Elle se métamorphose pendant sa croissance, couche après couche. L’image s’enfuit sous la matière, jusqu’à une naissance bouillonnante, non figurative où mère émergent des visions nouvelles.

F. Vanel (Historienne d’Art) 

A. Chichignoud / Peintures Révisitées

Sofie MELNICK

Ma démarche personnelle :

Ma démarche en tant qu’artiste quel que soit le médium utilisé est de transcrire ce que je perçois et vois dans notre société sur le moment. J’essaye de ne jamais oublier notre condition éphémère dans ce monde et je me place comme témoin pour exprimer ce que je capte. Il me semble important de ne jamais perdre le sens de l’humour en réalisant des œuvres qui soient ludiques et poétiques. Mon domaine de prédilection étant le monde animal, je puise dans cette large palette qui m’inspire.

Je prends aussi régulièrement en photo mes réalisations en les mettant en scène dans les décors naturels de campagnes ou de villes.

Ma technique :

Mes sculptures sont faites uniquement de carton que je modèle, quels que soient le volume et la taille des structures et je mets la priorité dans l’utilisation de matériaux récupérés : cartons, journaux et papiers imprimés : photographies, papiers peints, papiers cadeaux, articles de presse, serviettes en papier. La banque de France m’a donné 50kgs démonétisé de nos francs, ce qui m’a permis de réaliser à cette occasion des sculptures avec une symbolique toute particulière.

J’ai développé cette technique du papier mâché en autodidacte suite à des demandes constantes de décors, à Paris, qui nécessitaient une rapidité, une souplesse et légèreté d’exécution hors normes. Puis ce matériau est devenu mon médium privilégié.

Depuis plus d’une vingtaine d’années je travaille uniquement avec le PAPIER, du début jusqu’à la finition d’une réalisation en tentant de lui donner une élégance

Avant de choisir le papier j’ai longtemps travaillé avec d’autres matériaux tels que : la terre, la pierre, les silicones divers et les naturels éphémères (sable, neige).

Christian DELL’OVA

S’approprier un visuel, le recomposer, le restructurer, créer une nouvelle version : composer un REMIX.

L’ensemble de mon travail, quel que soit le médium – tableaux, caissons lumineux, sculptures ou installations – se fonde sur ce principe de réinterprétation.

Trois axes principaux guident mes recherches :

1 – Le souhait d’obtenir une dynamique forte dans mes œuvres m’amène progressivement à travailler la forme et les volumes de mes supports : sortir du carré ou du rectangle simple pour tendre vers des compositions géométriques à la force graphique accrue, à accentuer les plans.

2 – Mixer travail sur l’image (via le collage papier – affiches décollées, flyers musicaux ) peinture, tissus ou tapis et jouer sur les effets de matière, le contraste ou la proximité.

3_- Enfin, utiliser régulièrement la lumière et la transparence: partie rétro-éclairée soulignant certains éléments de la composition.

Ce sont des constantes dans mes travaux, sans être systématiques. Mon parti-pris est la confrontation de références culturelles, d’époques, d’univers différents, au sein d’un espace graphique commun. Jouer sur l’interférence ou l’opposition d’éléments plastiques me permet de faire résonner une nouvelle “ histoire ”subjective.

EMPREINTES / S. Melnick et C. Dell’Ova

Une nature luxuriante et extravagante. De personnages y évoluent au sein d’espaces tour à tour vastes et minuscules. Les architectures deviennent aériennes et organiques, elles flottent, légères, dans les airs.

Les corps, les maisons, la nature, s’entremêlent dans ces univers microscopiques et infinis. L’ensemble a des allures de collection naturaliste ou de vues du ciel où le merveilleux s’invite dans les détails, les matières et les couleurs.

Françoise CHUVIN/ Foisonnements

« La Distorsion qui habite le Monde »

Quand on regarde la pochette du disque « In the court of the Kimson King » par Barry Godber, on se dit qu’on a affaire avec Eric Demelis, à la même obsession effarante : il faut que la distorsion qui habite le monde soit exprimée. 

C’est la raison pour laquelle tous ces monstres nous paraissent incroyablement familiers. C’est sans fin, parfois c’est si récurrent qu’il est nécessaire de nous montrer la simultanéité des déformations. La couleur, parfois, calme le jeu et ancre paradoxalement davantage l’erreur génétique communément partagée dans un réel presque bucolique.     Emmanuel Merle ( 2018 )

Eric Demelis

Qui a déjà affronté les créations d’Eric Demelis retrouvera, à l’évidence, certains traits constitutifs de son œuvre. Il y’a d’abord un amour inconditionnel du dessin, celui de la face, du visage, pour l’essentiel. Les figures humaines pullulent, s’entrecroisent, s’entrelacent, jusqu’à former un vaste conglomérat qui va jusqu’à saturer l’espace de la représentation, bien que leur singularité demeure vivace. La société, le monde, la vie en somme, c’est ainsi. Comme le disait un grand philosophe du 17ème siècle, Spinoza, « des corps composent avec des corps ». On se frotte, s’accroche, se délie ou s’aime, c’est toujours sans le commandement de la rencontre qu’advient un machin-vivant. A côté de ces déroutantes agglomérations, de la place est faite pour des motifs particuliers, plus épurés, faces ou silhouettes.

Me touche particulièrement la série réalisée au crayon de couleur. Elle me fait irrésistiblement penser à l’Art africain, plus précisément à la statuaire de l’Ouest. Les traits y sont délibérément exagérés ou diminués, et dans cette métamorphose consentie, on parvient à une adéquation plutôt troublante ou tremblante, au réel du corps. Il y’a aussi cette belle conjugaison entre le texte et l’image avec les auteurs Armand Dupuy et Perrin Langda. Elle se réalise dans maints formats. On ne sait qui a initié l’un ou l’autre, mais peu importe au fond. Ce sont des adages, parfois des aphorismes, des formules banales qui se glissent au travers des têtes improbables. Car, qu’est-ce qu’une caboche, sinon un lieu où gisent et circulent, jour et nuit, des masses de propos incohérents, au mieux surréalistes. Ceci m’évoque le terme de « grotesque », dont il faut vérifier l’origine italienne indiquant la caricature. Il s’agit, ici ou là, d’ornements nés dans les grottes, lieux de recueillement. Aussi s’en tiendra-t-on à cette banale constatation. Le portrait n’existe pas pour magnifier la face humaine, selon un idéal classique, où elle constituerait l’essentiel de l’être. Vaille que vaille, pas question ici de faire grise ou triste mine, c’est juste du graphite ou de l’encre de chine. Quant à la tête qu’on a, la mérite-t-on ? A vous d’en décider.

Laurent Henrichs, 9 septembre 2017

                                                                                               

Eric DEMELIS

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