Que cherche Muriel Dorembus dans ses paysages désertés, pleines mers, monts et vallées, ses figures lacérées et muettes, parfois excentriques ? Peut-être réincarner des mondes disparus, les figures des aïeux, les paysages des ailleurs… Du fond de ses yeux clos naissent des images aux visages absents ou aux cieux blancs. Les couleurs, dans leurs présences tenues et ténues scintillent, telles des pépites au sein de sédiments et concrétions de gris et de bruns délavés, érodés par les pluies et les orages.
Ne reste que la minéralité de l’absence.
Muriel Dorembus ne veut rien, rien cerner, rien enfermer, elle nous ouvre juste les horizons et les regards de son intime silence. Artiste patiente et obstinée, elle guette le miracle des apparitions au risque de disparitions et destructions radicales. Feuille après feuille, la peinture se structure, s’affine pour inventer une écriture, le livre peint d’un monde intérieur.
Michel Vautier,
artiste peintre.
Nourrie par la parole et l’écrit, fascinée par la puissance évocatrice des mots et par la vibration énigmatique des corps, chercheuse de sens, de sons, de liens, j’ai longtemps ignoré la forme et refusé toute association visuelle.
Il me faudra trente ans pour entrer dans la représentation des idées par la couleur et la matière. Peindre est cet acte métaphorique extrême qui rassemble toutes les formes de langage, inscrit du vivant à tous les indicatifs et me permet de passer du non-dit au lieu-dit. Depuis ce passage, la peinture est le lieu où je vis et travaille.
Muriel Dorembus