L’EXPO de l’ÉTÉ

Eleonora BURRY, Jean WELTER et Virginia ALFONSO

Ma proposition esthétique s’articule autour d’un discours poétique influencé profondément par la réminiscence infantile. Une activation de mes souvenirs qui permet tout en douceur de reconstituer mon passé. Une photo de ma grand-mère petite fille, mon grand-père en culottes courtes, mes parents enfants, ma sœur et moi dans les jeux d’enfants du square de mon quartier ou parcs de la ville.

La série « El cuidado del jardin » nait de l’importance primordiale de garder et soigner les jardins, pas seulement pour leur apport de vie, d’oxygène, de renouvellement cyclique, mais comme métaphore de l’intime, du quotidien familial. Un refuge qui touche au sacré.

Eleonora Burry

Jean Welter

Virginia Alfonso Calace

Yohanna Bouvetier / photos brodées Juliette Regnier / peintures

Des/affectés

La série des «des/affectés» révèle des lieux réactivés par la couture.
Des photographies en noir et blanc, témoins d’un passé habité, hanté par la présence absente, ont été prises dans des lieux désaffectés où la vie du lieu
est laissée au hasard du passage du temps, des intempéries et de l’humain.
Des intrusions par la couture tentent de donner à voir une nouvelle approche
de ces lieux inanimés, de souligner les lignes de leur architecture oubliée et de les réactiver dans le présent.
Cette adjonction de matière et de couleur vient faire signe et écriture pour célébrer de la poésie de ces lieux.

Chez Yohanna Bouvetier comme chez Juliette Regnier, tout part d’une balade. Un regard alentour. Un cliché, un paysage, une architecture. Et l’envie d’occuper l’espace.

Des lignes de fuite se lisent clairement chez Yohanna Bouvetier. Les structures sont recousues, rattrapées, rafistolées, recomposées par une évidente nécessité de faire des liens. Les fils rouges, et roses, et bleus, appellent à une nouvelle exploration, invitent à la reconfiguration, à enfin circuler dans l’image aplanie.

Les lieux désaffectés, déjà vécus, sont réinvestis en mode d’impression sensible évoquant autant d’états altérés des possibilités.

Juliette Regnier, elle, prend un autre parti. L’espace est d’abord le plein. Le rempli. Le présent. Puis, dans le périmètre ainsi constitué, par aplats, par ajouts, par surprise, par surplus de matière, elle joue, s’exerce, cherche les formes, la préhension d’une forme évocatrice.

Que reflètent ainsi sa collection de reflets ? Des matières dérangées, des paramètres à géométries variables.

Heidi Auvitu-Rafier

Juliette Regnier

Reflet 

Chaque pièce de la collection « Reflet » est une exploration minutieuse de la géométrie, une quête pour capturer l’essence même des formes abstraites à travers une variété de médiums plastiques. Chaque œuvre est le résultat d’un processus méticuleux où la matière est manipulée avec précision et sensibilité tout en lui laissant sa liberté.

Cette collection est une quête des multiples dimensions de la géométrie, allant au-delà de ses aspects purement mathématiques pour révéler sa profondeur esthétique et émotionnelle. Les formes créées ne sont pas simplement des arrangements de lignes et d’angles, mais des expressions vivantes d’une géométrie incarnée, imprégnées de mouvement et de vitalité.

En utilisant des techniques telles que le frottement, l’éclaboussure et le grattage, je donne vie à des formes qui semblent presque transcender leur support matériel. Chaque marque, chaque texture, chaque imperfection est une histoire en soi, une empreinte du processus créatif qui a façonné l’œuvre.

Lorsque l’on contemple une œuvre de la collection “Reflet », on est invité à plonger dans un monde d’ordre et d’harmonie, où les formes interagissent et s’entrelacent dans une danse hypnotique. C’est une expérience immersive où l’esprit est transporté dans un univers abstrait et où les frontières entre la réalité et l’imaginaire s’estompent.

La collection « Reflet » de Juliette Régnier est une célébration de la créativité humaine et de la puissance de l’expression artistique pour capturer l’essence même de l’univers.

Inès Soltani

« Pénombre et Lueurs » de Christine MADIES et Catherine BASSET

Sculptures de Ch.Madies

« Je travaille depuis plus de trente ans en Italie, à Pietrasanta près de Carrare et ses carrières de marbre.

C’est un lieu magique pour les sculpteurs, avec une tradition du travail du marbre vieille de deux mille ans. Non seulement le marbre, mais aussi une grande variété de pierres sont débitées et travaillées à cet endroit.

J’ai voulu utiliser des pierres de couleurs différentes pour façonner les petites sculptures sur le thème qui m’est cher, celui de la fluidité: sculpter ce matériau lourd, compact et dense qu’est la pierre de sorte qu’elle devienne légère, comme liquide, animée d’ondes qui parfois laissent transparaître la lumière.

 » Tout vient à moi, m’enserre et se fait pierre »

Ce vers de Rainer Maria Rilke m’avait frappé. Il évoque pour moi un processus de pétrification, un amenuisement de l’être face aux épreuves de la vie.

On oublie qu’il existe différents états de la matière et qu’elle peut passer de l’un à l’autre, du solide au liquide par exemple.

La pierre elle-même, en apparence statique et immuable, peut devenir fluide lorsqu’elle est soumise à des températures extrêmes.

Sculpter pour moi c’est tenter de décrire cette transmutation. Donner à la pierre et retrouver à travers ce travail de la souplesse, de la douceur, de la légèreté. Se dégager de sa gangue. Se mettre en mouvement. »

Collages de C. Basset

Il y a quelque chose qui pointe. Qui dérange la surface. Un déplacement. Un gonflement.

Des images de Catherine Basset ou de la pierre de Christine Madies, quelque chose veut sortir.

Cela prend souvent des formes voutées. Tout juste entre contrainte et débordement.

On y voit des transparences, des superpositions. Des couches, des densités.

Catherine Basset, lignée surréaliste, dérange les images, y compris celles prises par son père René, étendues à d’autres mondes. Lyonnaise, biologiste de formation, elle a pris longtemps les cours du soir de l’Ecole des Beaux-Arts. Certainement fouillé dans les tiroirs de son papa. Et puis, depuis la marge, elle s’est petit à petit faite dévorée, trouvant son propre langage entre macro et micro, entre l’objectif et l’échappé. Détourant les archives, recoupant les motifs, elle se fait en collant l’ethnologue de contrées entrevues.

Christine Madies, fait, elle, d’un geste franc, des trésors de souplesse. Elle compose des ondes avec les roches de la région de Carrare, qu’elle habite depuis plus de 30 ans. Un coup dans la masse, déjà disparue. Le marbre devient liquide. Du bout des doigts, sa surface caressante renouvelle 2000 ans d’invitation. A toucher, à sentir, à envelopper. A mesurer toutes les possibilités plastiques et sensuelles offertes par un matériel si exigeant. Elle fût assistante sociale mais c’est maintenant tout ce qui l’occupe : extraire le léger du dense, sortir du marbre l’expression.

Heidi Rafier

Marc Levasseur

Peintures

Le travail que je présente ici est né de l’envie d’explorer en profondeur le geste dans la peinture. Plus exactement de l’envie de libérer le geste de tout biais, de toute contrainte. Il m’est apparu évident qu’il fallait au préalable abandonner l’idée de la figuration. Puis qu’il était nécessaire de mettre de côté également les outils habituels, afin d’être au plus près du corps, des sensations. Des lors que ce préalable était établi, il ne me restait plus qu’à laisser danser le geste, tous mes sens en éveil, jusqu’à parfois entrer dans une sorte de transe, et aller à la rencontre de ces moments rares où le geste devient purement intuitif, où la peinture devient une évidence.

Marc Levasseur

On commence par laisser une trace d’huile sur la surface.

Elle ne veut rien dire, que le début.

Du bout du doigt, elle s’étire. Urgemment.

Les choses bougent, s’écartent, s’entrevoient et se perdent, se diffusent et se concentrent.

La trace d’huile comme nuée chromatique. La tâche d’huile sur un sol sombre, dans laquelle se perd un contemplateur médusé. Des vagues qui s’étendent en mouvement rectiligne, l’objectif tombé bas. La lumière qui glisse et s’échappe. Des silhouettes qui se déforment. Une caméra qui se déporte, brusquement. Un son. Une chute. Une bourrasque.

Marc Levasseur se défend du figuratif. Il parle mouvement. Il parle transe. Révoque le délibéré, s’éloigne de l’exactitude. Part loin. C’est pourtant dans l’oubli que surgit l’imaginaire, un vocabulaire de la forme déjà perdue.

Sans intermédiaire entre la paume et le pigment, il reste fidèle au premier geste de l’artiste, et surtout à tous ceux qui ne lui appartiennent déjà plus. Ceux dont on se demande après comment ils sont venus.

« Certaines œuvres sont les contours flous de moments très précis » Le reste, dit-il, ne le concerne plus.

Heidi Auvitu

Envie d’ailleurs

Maryse Balme Tournoud

Arbres plongeant dans la terre et s’élançant vers le ciel.

Ancrés, aériens.

Arbres qui m’accompagnent au bord des routes et des chemins.

Arbres que j’admire pour leurs longévités, leur résistance aux saisons, leurs formes, leurs murmures au gré des vents, leurs supports aux chants d’oiseaux.

Je leur rends hommage par ces quelques toiles…

Massika Bendaoud Diabi

Mon travail consiste dans un premier temps, à feuilleter des magazines puis, je découpe des morceaux d’images qui m’attirent, me captivent et surtout, qui me parlent.

Ces petites portions d’images en papier vont représenter mon univers intérieur, elles épouseront la toile où je viendrai peindre à l’huile et, petit à petit, une histoire prendra vie.

Mes peintures s’inspirent de paysages de différents pays d’Afrique, d’Amérique latine et beaucoup du Maghreb ; elles réveillent en moi une telle sensibilité, elles me procurent une émotion tellement forte que ces payssages s’impriment en moi comme réels.

Des objets d’orients comme les dinanderies (objets en cuivre, fer blanc, étain ou laiton martelés) sont invités à décorer mes peintures pour évoquer les origines de mes attaches, mais également des tendances diverses en décoration intérieure…

Dans le dédale de mes toiles se glissent quelques fois des visages souvent ridés, là où se trouve le reflet de l’âme. Chacun de ces sillons sont des blessures, des souffrances, de l’amour et de l’espoir.

FRAGILES ! Charles-Etienne et Dick de Dery

Sculptures de Dick de Dery

Je suis autodidacte, je grattouille et dessine depuis l’enfance, mes influences vont du paléolithique à today et partout. Je sculpte et grave principalement l’os et le coquillage et, de temps en temps, je collabore avec d’autres artistes.

Dick, c’était le nom du chien foufou de mon père quand j’étais petit, et de Déry c’est le nom du mas familial…

Les Coquillages

Cypraea tygris, gravure

Le travail de gravure se fait dans 3 dixièmes de mm dans les couches colorées de la coquille du mollusque que je récupère sur des brocantes afin de ne pas alimenter le pillage des océans. Il n’y a pas d’ajout de couleur. C’est la technique du camée.

Cypraea tigris, c’est le coquillage endémique du buffet de grand-mère : on ne se souvient jamais de comment il est arrivé là, mais elles en ont toutes un !

Les Punchlines de Mémé

Ma grand mère est la championne toutes catégorie du dicton en patois et j’ai choisi d’en illustrer quelques-uns ici dans leur traduction en français. Je ne parle pas patois, il y a tant de choses qui se perdront avec elle…

Les Os

Je fais partie des rares personnes sur cette planète auxquelles on offre des os. J’évite les os de boucherie même si je sculpte parfois des restes de repas. Je préfère ceux trouvés dans la nature, blanchis, verdis, fissurés… restes d’animaux morts dehors, dans leur vraie vie d’animaux sauvages, ou même d’animaux domestiqués morts sous le soleil et dont les corps ont enrichi le sol…

L’os a toujours été utilisé par l’homme, jusqu’à l’invention des matières plastiques à la fin du XIXème siècle qui l’ont remplacé. Je renoue le lien !

La matière est belle mais difficile d’éloigner la question de la mort…

Peintures de Charles-Etienne

Comment dire…

Mes dessins, je les conçois souvent de la même façon : partant d’un seul trait sans lever le crayon et sans véritablement savoir ce qui va en ressortir. Un trait… Une forme qui, quelques fois, avant d’être remplie me donne l’impression qu’elle va casser, comme quelque chose de fragile.

C’est en partant de ce constat que l’idée m’est venue d’appeler mon travail « Dessins fragiles »

Apparaissent alors ses personnages aux formes irrationnelles et aux erreurs de proportions que je trouve intéressantes, belles, sensuelles.

Je trouve mon inspiration chez des artistes forts d’un univers marquant : Bosh, Witkin ou encore Steven Cohen pour ne citer qu’eux. La littérature, les légendes et les mythologies façonnent également mon bestiaire. J’aime me balader dans des univers imaginaires figuratifs.

J’ai développé un goût pour le bizarre, le sombre, le monstrueux, le chimérique et me suis fabriqué un univers onirique où peuvent se côtoyer profane et ésotérisme, monstrueux et théâtre, genres et burlesque…

C’est après des études de Beaux Arts où j’ai pratiqué principalement la performance, que j’ai décidé de revenir en 2014 à mes premiers amours que sont le dessin et le croquis, inaugurant alors ma première exposition : Les Dessins Fragiles.

C’est un an plus tard que je découvre le travail de Dick de Dery… Autant dire que je suis tombé tout de suite amoureux de son travail. J’y voyais une résonance, un écho dans nos univers artistiques. C’est donc tout naturellement que j’ai pensé à lui pour cette exposition que nous avons décidé de baptiser Fragiles !

Tout est dit…

Charles- Etienne

« En face de toi » Hui ZHENG et TIDRU

TIDRU

TIDRU : né à St Etienne (FR) en 1986 – autodidacte.

Sculptures en terre cuite/engobe/techniques mixtes pour le dessin (aquarelle, crayons de couleur, collage…etc)

Mon travail est narratif, il raconte l’humain. Je m’intéresse plus précisément au processus de rencontre de l’Autre, au cheminement qui nous amène à lui.

Par les dessins à fleur de peau, j’essaye de picturaliser en surface ce qui est à l’intérieur de nous même, ce qui nous a marqué, ce qui nous compose, ce qui nous a construit (appel au passé, au secret, à l’intime). Partant de ce principe, j’imagine que chacun de nous a un dessin qui lui est propre et qui évolue parallèlement avec le temps qui passe.

[« On peut imaginer une lumière qui projette l’histoire de l’individu de l’intérieur vers l’extérieur, les dessins étant en quelques sortes le jeu d’ombres qui en résulte. »]

Je souhaite mettre l’intérieur de l’individu au premier plan. Dans mon travail, la forme du personnage (son apparence) sert simplement de châssis, de structure, de bagage qui porte et accueil l’essentiel (le dessin).

Ainsi, les supports habituels du jugement de l’autre qui est l’apparence, l’expression corporel, le regard…etc sont muets et incitent le regardeur à chercher ailleurs et peut être à s’immiscer dans le labyrinthe intime qui nous compose.

[« Les pistes sont volontairement brouillées pour d’une part confesser l’image que je me fais du processus de discernement de l’Autre et d’autre part semer là encore les « peut-être » d’une compréhension polysémique de l’Autre. Le questionnement est, pour moi, la seule réponse au rapport à l’Autre et l’identité : sans cesse en construction, en perpétuel mouvement. »]

On me pose souvent la question du sens des titres. Ils évoquent des souvenirs intimes bien précis que je souhaite matérialiser et cristalliser. J’appose le titre en dernier.

Hui ZHENG

Je ne dessine pas ma tristesse, La belle chose ne dure pas pour toujours, une heure, un jour, une semaine, un an, nul ne le sait, il se peut à chaque seconde qu’un changement survienne. J’aime plonger dans mes souvenirs, j’aime penser les souvenirs, les souvenirs sont toujours plus vrai que le présent, ils sont vivants, grandissent avec nous et sont toujours là, il suffit juste d’ouvrir un tiroir. Le monde réel est un spectacle, chacun joue son rôle différemment, c’est difficile de percevoir lequel est vrai, lequel est faux, je ne peux juger. Quel que soit le visage, le tableau est moi, s’agit-il d’un masque ?