Tours et déTours
Manhattan est le paysage urbain par excellence. Représenter sa texture, ses lumières, sa géométrie si particulière est mon ambition depuis plusieurs années.
Tout y est affaire de rythmes architecturaux répétitifs, de perspectives infinies, d’éclats éblouissants du ciel, de clairs-obscurs et reflets où les détails s’effacent au profit d’une vision d’ensemble, mouvante et instable. Plus que le paysage proprement dit, on y voit le vertige démesuré qu’il provoque.
« L’acier, le verre, la brique, le béton seront les matériaux des gratte-ciel. Entassés dans l’île étroite, les édifices aux mille fenêtres se dresseront, étincelants, pyramides sur pyramides, sommets de nuages blancs au-dessus des orages. Le crépuscule arrondit délicatement les angles droits des rues. L’obscurité pèse sur la ville d’asphalte fumant, écrase les châssis des fenêtres, les réclames, les cheminées, les réservoirs, les ventilateurs, les échelles de sauvetage, … ». Dos Passos dans Manhattan transfer
« Et l’angoisse au fond des rues à gratte-ciel
Levant des yeux de chouette parmi l’éclipse du soleil.
Sulfureuse ta lumière et les flûts livides, dont les têtes foudroient le ciel.
Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d’acier et leur peau patinée de pierres. ». Sedar Senghor dans Ethiopiques (extrait de A New York)
Compositions acidulées
Ce travail est le fruit d’un jeu entre l’abstraction et le figuratif.
La frontière réel/irréel est y volontairement floue, les objets sans identité.
Selon son imagination, on y verra de simples formes arrondies aux couleurs vives ou la suggestion de fruits, perles, entassement de jouets… Car les objets figurés ont gardé une logique physique bien réelle, jusque dans leur traitement en composition de natures mortes.
Ici, j’ai utilisé l’infographie, qui lisse et acidule le geste graphique.
Le pinceau, discret, est encore là, car je peins avec ma tablette numérique.