Sculptures en tissus brodées, broderies sur velours ou feutre, dessins à l’encre.
« La broderie n’est pas venue tout de suite, j’ai du aller la chercher, la rencontrer. Je la travaille comme un dessin. Je trace et dessine avec le fil. Envisagé comme un parcours, une balade, je propose des formes, des images telles des plaques sensibles et poétiques. Jean-Michel Othoniel disait dans une interview que son travail et son médium de prédilection le verre, lui permettaient de « le garder en alerte pour ne pas tomber dans le décoratif, le joli ». J’aime la broderie car elle me soumet ce combat permanent. Il faut sans cesse « écouter » la matière, se laisser surprendre et s’ajuster.
La plupart des oeuvres que je propose sont des « objets définis » avec une forme arrêtée, des contours. Ce qui m’intéresse c’est le contraste entre ces « objets définis » et leurs « compositions-installations » (qu’il s’agisse de la composition des éléments intérieurs de l’oeuvre ou de l’installation de l’œuvre en elle-même) qui elle est aléatoire. J’aime l’idée que le spectateur puisse interagir avec mon travail, qu’il lui donne des formes multiples, tantôt ordonnées, structurées ou éparpillées, dispersées, semées dans l’espace. S’installe alors une multitude de dialogues muets et l’oeuvre se poursuit, change, « vit ». Ces manipulations sont rendues possibles également par la nature même des oeuvres qui vidées de leur « consistance », soulagée de leur poids, presque fragiles; se déplacent et se manipulent aisément. J’aime alors le parallèle qui se créé entre le rapport que le public entretient avec mon travail et le rapport que l’homme entretient avec la nature dans son interaction pour la façonner, la modeler, l’ordonner, la contraindre ou la laisser respirer. Mes oeuvres agissent comme des témoins de ce rapport, de ces tensions qu’ils existent entre l’homme et la nature. «
Emilie CHAUMET