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Claudine Meyer

« Hic sunt dracones »

Mon univers artistique s’articule autour de l’humain et de ses émotions, de  l’empreinte et de l’intime… Le travail du corps m’est indispensable, peut être  une réminiscence de mon métier d’infirmière. Je le peints, le sculpte dans  des matériaux divers tels fil de fer, papier, tissus anciens, fils, objets de  récupération… Quelquefois l’utilisation du moulage d’une partie d’un corps  donne une dimension humaine vive à l’oeuvre. La matière qui aux sources de  mon travail était solide, dure, devient avec le temps plus malléable, légère,  inconstante parfois. Je retrouve les gestes féminins du tissage et crée des  sculptures en fil de fer, faites de transparences, une surface comme une  peau mais ou le regard ne peut être stoppé. Lentement dans un temps  méditatif je donne naissance à un peuple de formes humaines qui nous  attirent vers l’au delà des apparences. Sensation de fragilité et de force,  corps transparents, fragiles et forts, gestes essentiels captés dans leur  course, courbes suspendues, jeux de lumières et d’ombres. Les têtes  s’amenuisent, les dos s’effilent, les membres s’absentent, les visages  disparaissent. La peau s’évanouit, rendant visible l’invisible. 

 Ici il y a des dragons 

Les notions de frontières, de refuges, d’exil sont au coeur de l‘actualité. Mon  travail actuel questionne ces notions de mobilités, de migrations, de  trajectoires, de territoires. 

Entre rêves et nécessités… économiques, familiales, climatiques, sanitaires,  politiques, religieuses… la migration est un phénomène probablement aussi  ancien que l’humanité. Les mers et les montagnes, les routes et les sentiers  sont des lieux de passages lors de ces déplacements volontaires ou  

contraints. Les régions de montagne, et donc aussi l’arc alpin, ont toujours  été marqués par des mouvements migratoires. Marchands, contrebandiers,  travailleurs ambulants, déplacés, réfugiés… 

 « Hic sunt dracones » (en latin, littéralement, « Ici sont des dragons ») est  une phrase apparaissant en cartographie médiévale et utilisée pour désigner  des territoires dangereux ou encore inconnus, imitant en cela une pratique  courante de mettre serpents de mer et autres créatures mythologiques dans  les zones vierges d’une carte. 

Dans cette recherche en cours plusieurs éléments sont déjà là.

 L’Eldorado… 

Une série de pieds, traces d’hommes, de femmes et d’enfants, en marche  ou figés comme en attente, ancrés dans le sol ou en mouvance, trajectoires  de vies … s’agrandit à chaque nouvelle rencontre. Pour ce travail des  moulages de pied ont été effectués sur des « passants anonymes », dans  des lieux variés ou j’ai eu l’occasion de faire des expositions ou des  résidences, lors de rencontres fortuites…et sont supports de découpage de  plans de ville, de cartes routières et autres.  

Un pas, un autre pas, une terre, une autre terre, l’errance d’un espoir, à la  recherche d’un eldorado, contrée fantasmée, lieu de libertés, promesse  d’opulence, désir d’un ailleurs meilleur. Au fil de l’itinérance, la carte routière,  découpée, morcelée devient un lieu géographique sans repère, un entrelacs  de lignes, les nouvelles routes d’une histoire en suspens. Les contours  géographiques sont flous, rues et ruelles, lignes de relief, rivières et routes,  frontières sont menus tronçons sans aucune indication, réduits en bouts de  tracés, et se croisent, se heurtent, se chevauchent , dessinant des itinéraires  inconnus, des territoires hostiles, incompréhensibles, des lieux sans  mémoire. Au bout de la marche incessante, les rêves d’espoir se heurtent  brutalement aux parois de cet eldorado imaginé. ( travail en cours)

Les « Hommes-papillons… » 

Venus d’un ailleurs de bruits pesants, de terres piétinées, d’espaces de  haine, attirés par les lueurs d’un autre ailleurs, d’un monde d’ espoirs,  souvent d’un monde rêvé, idéalisé… Passagers éphémères, seront-ils  accueillis? Pourront-ils rester? S’arrêteront-ils un temps ou devront-ils continuer toujours plus loin? Traverser encore les frontières, les rochers  inhospitaliers, les mers furieuses?… 

Un personnage en fil de fer de 2m de hauteur est déjà réalisé.UN autre suit,  en cours de réalisation…la couverture de survie dorée le recouvre . 

(travail en cours)

Terra incognita 

Avec le développement des sociétés de  

géographie, au xixe siècle, la mention de terra  

incognita a peu à peu disparu des cartes. 

Pourtant dans ces temps de errances, de voyages  

vers l’inconnu, des rêves de recommencer une vie  

sur une terre étrangère, de se réinventer un  

lendemain la notion de terra incognita me semble  

d’actualité. Celui qui n’est pas attaché n’est pas  

libre, il est errant. Privés de terre, arrachés à ce qui  

faisait leur existence quotidienne, celle d’un  

humain avec ses habitudes, ses lieux, ses 

vêtements, son lit, sa nourriture, sa foi ou non, ses  

proches, ses racines…ces hommes et ces femmes  

pourront ils se reposer, rester, s’arrêteront-ils un  

temps ou devront-ils continuer toujours plus loin,  

traverser encore les frontières, les rochers  

inhospitaliers, les mers furieuses… 

Une vie sur une terre étrangère, découvrir un  

nouvel horizon, réinventer un lendemain… L’exil  

est une aventure humaine complexe, sensible,  

souvent douloureuse. 

(travail en cours)

Mare  

( travail en cours – broderie mer méditerrannée-cartes marines) 

Oublier le ciel  

 brulé 

 les sillons dechirés  

 des terres stériles 

le regard tendu vers  

 un ailleurs rempli 

 de promesses dorées. 

Sur l’océan des illusions 

 la barque dérive 

 jours nuits nuits jours 

 balancement de temps vomissements 

 de prières cris noués 

instants aveugles à force  

 de néant.  

Puis l’épave brisée  

 sur la fin de la mer 

 une autre terre 

 improbable refuge 

 regards échoués 

 mains tendues 

 corps vidés 

Et d’autres mains qui 

 repoussent. 

 L’horizon noir 

 rétrécit 

dans les yeux 

 des hommes immobiles. 

 les rêves explosent. 

Quelques travaux en collaboration commencés il y a plusieurs années:  

– « La marche silencieuse » (de femmes, résistance muette, révolte  silencieuse face aux conflits) 

– « La Recluse » (En collaboration avec Eric Lorré. Installation interactive  qui donne vie à une jeune femme recluse, le spectateur cherchant grâce à  un stéthoscope dans les fils de métal la parole enfouie) 

– « Goutte de silence » (Crée lors d’une résidence à l’abbaye de Boscodon.  Installation interactive qui nous laisse à entendre les « mots du silence »,  mots recueillis auprès des personnes vivant à l’abbaye ou la visitant). 

– « Fil de femme, fil de faire » ( En collaboration avec Agnes Dumouchel ,  conteuse, et le centre de l’Oralité de Gap. Interviews, récits de vie et  création graphique dont une partie met en lumière les non dits et les  

silences qui existent encore aujourd’hui autour de la transmission  féminine)… 

– « Au fil du rail, paroles de femmes » (Conte -expo en collaboration avec  A.Dumouchel conteuse et le musée du rail de Veynes) 

– « Quotidien-cotidiano » (En collaboration avec deux artistes  colombiennes lors d’une résidence à St Mathieu de Treviers. Illustration  montrant la ligne cyclique du temps que représente le quotidien-interviews  et échanges avec la population) 

– « Mémoires silencieuses » (Travail sur l’absence, le deuil, silence du  temps qui tisse son linceul. Un travail mené conjointement avec les  scolaires autour du coeur a été réalisé et présenté dans le cadre de cette  exposition) 

– « 4 Dialogues – F comme… » (En collaboration avec N.Rak autour de  l’intimité et du féminin à la galerie municipale de la Grange à Gap)

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