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Grégory COMPAGNON

DESSINS

 Depuis 20 ans que je pratique la peinture, je ne sais jamais ce que je vais faire quand je débute un nouveau tableau. Quoi peindre est une question que j’élude par une démarche qui laisse toute sa place à l’inconscient pour s’exprimer. Je cherche à faire surgir des choses profondément enfouies et quand je dessine c’est mon âme d’archéologue qui dégage des objets dans le sable. Une fois que tout est suffisamment dégagé, je m’interroge sur le sens que cela peut avoir.

D’après le public, mes représentations donnent une impression d’intemporalité où se mêle une sorte de mythologie intérieure dans un cadre naturel. En effet, je suis un passionné de préhistoire et de nature, ce sont des sujets très présents dans ma vie et mon œuvre. Je convoque donc à la fois des références au passé et les phénomènes naturels. Mais ce qui peut paraître comme des références, un passé lointain, sans écriture, masque un processus de création qui est très ancré dans le présent. Ce qui est dessiné est déterminé par ce qui habite l’atelier à ce moment-là. Quand la phase de dessin se termine, c’est le moment du lendemain et de sa quête de sens.

Je propose un travail à partir de dessins réalisés à l’encre noire sur un papier assez épais normalement fait pour des impressions de haute qualité. J’ai développé ces dernières années une technique basée sur le petit point et l’absence totale de trait. C’est par le point que je cherche à relier le vivant. Mais j’en suis surtout arrivé là en cherchant la technique la plus lente possible. Comme j’ai besoin de laisser le temps aux choses de s’inscrire sur le papier, il me fallait être le plus lent possible et donc abandonner cette vieille habitude de tracer, avec la volonté d’être en dehors du système d’écriture traditionnelle.

Je débute un peu hasard, dans une zone de mon support à poser des points, très tôt le matin, de préférence. Je dépose des points jusqu’à ce qu’une vision s’empare de moi et qu’une figure trouve sa place sur le papier comme une évidence. Puis d’autres figures et des signes viennent s’inscrire également et au final c’est une composition assez mystérieuse qui s’est ainsi mise en place sans aucune préparation, ni modèle, ni esquisse. Par la répétition du point par point, rythmée, il y a une recherche méditative qui peut aller jusqu’à une forme de transe. Le dessin, les longues séances de travail, les horaires, la table d’atelier, la fidélité à un papier, donnent un caractère rituel à ma démarche.

Mes figures sont souvent du registre des animaux, presque toujours représentés de profil. Elles résultent d’une libération de l’inconscient et sont peut être des des archétypes, des représentations chargées de valeurs symboliques. Leur assemblage dans la composition donne du sens et une raison d’exister. Le fond, le décor, sont une matrice indissociable des figues, comme peut l’être la roche qui sert de support aux peintures rupestres. Donc tout est important, y compris le souci du détail car tout peut être signifiant et relier le vivant.  

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